HARCELEMENT SCOLAIRE
Le ministère de l’Éducation nationale a fait de la prévention et de la lutte contre le harcèlement entre élèves l’une de ses priorités.
Un plan de prévention et de lutte contre le harcèlement à l’École a été annoncé à l’issue des Assises nationales qui ont eu lieu les 2 et 3 mai 2011 en présence de nombreux experts nationaux et internationaux. Il a pour objectifs de prévenir et stopper des situations trop souvent ignorées ou minimisées de violences quotidiennes entre élèves.
Le harcèlement doit être connu et combattu par tous, sous toutes ses formes.
QU’EST-CE QUE LE HARCÈLEMENT EN MILIEU SCOLAIRE ?
Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique commise avec l’intention de nuire. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre.
Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement.
10 % des collégiens rencontrent des problèmes avec le harcèlement et 6 % de collégiens subissent un harcèlement qu’on peut qualifier de sévère à très sévère (source : E. Debarbieux, première enquête nationale de victimation au sein des collèges publics réalisée auprès de 18 000 élèves. Octobre 2011).
Les 4 caractéristiques du harcèlement en milieu scolaire :
La violence : c’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes.
La répétitivité : il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période.
L’intention de nuire : le but est de blesser, d’intimider, de mettre en difficulté, et/ou de ridiculiser l’autre.
L’isolement de la victime : la victime est souvent isolée, plus petite, faible physiquement, et dans l’incapacité de se défendre.
Le harcèlement se fonde sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques,
telles que :
L’apparence physique (poids, taille, couleur ou type de cheveux)
Le sexe, l’identité de genre (garçon jugé trop efféminé, fille jugée trop masculine, sexisme)
Un handicap (physique, psychique ou mental)
L’appartenance à un groupe social ou culturel particulier
Des centres d’intérêts différents
Le harcèlement revêt des aspects différents en fonction de l’âge et du sexe.
Les risques de harcèlement sont plus grands en fin d’école primaire et au collège.
15 propositions pour lutter contre le harcèlement à l’école
Les 15 propositions
1 Campagne d’opinion à destination des jeunes.
2 Le recensement et la création d’outils de sensibilisation et de réflexion à destination des adultes et permettant des débats en groupe avec les élèves.
3 Responsabilisation des médias et des opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès à Internet : campagne nationale de sensibilisation en population générale.
4 Reconnaître c’est aussi connaître : Enquêtes de victimation et recherches.
5 Reconnaître c’est savoir écouter : la formation prioritaire des personnels « relais »
6 La formation initiale et continue des enseignants et des personnels.
7 Faire de l’École la plaque tournante des services offerts aux jeunes en difficulté et à leurs familles.
8 Le plan d’intervention comme un droit (construction avec l’aide de la famille d’un plan d’intervention individualisé).
9 Affirmer le principe d’inclusion maximale (ne pas exclure les enfants victimes ou harceleurs de l’école).
10 Mobiliser des équipes (améliorer la qualité d’accueil des familles par les équipes enseignantes et le chef d’établissement)
11 Promouvoir la place des élèves et des parents dans la prévention (former les délégués de classe et les délégués de parents d’élèves dans le secondaire)
12 Pour une utilisation proactive des réseaux sociaux (diffusion de messages d’alerte sur les réseaux sociaux)
13 L’inefficacité des renforcements négatifs. Vers la justice restaurative. (ne pas punir ni ignorer le harceleur mais favoriser sa prise de conscience).
14 Le cas du harcèlement chez les jeunes adultes (qualifier pénalement le harcèlement entre élèves dans l’enseignement supérieur).
15 Le rappel de la responsabilité des témoins et des fonctionnaires (engager la responsabilité des adultes).
Dans son rapport
"Éric Debarbieux, chercheur à l’université Bordeaux 2 (Victor-Segalen) et président de l'Observatoire international de la violence à l'école, publie une synthèse des études sur le harcèlement au primaire et au collège, assortie d’une quinzaine de propositions"
Protéger son enfant du harcèlement scolaire
Surnoms ridicules répétés en boucle, injures, bousculades dans les couloirs, tapes derrière le dos, sacs piétinés, mises à l’écart, propagation de rumeurs, humiliations verbales… Le harcèlement peut prendre des formes multiples avec parfois des conséquences dramatiques sur l’équilibre psychologique des élèves harcelés. Longtemps sous-estimé, voire ignoré, le harcèlement scolaire suscite une mobilisation grandissante de la communauté éducative (proviseurs, enseignants…). Il faut dire que le phénomène concerne 10 à 15% des enfants et adolescents scolarisés en France. Tous les parents craignent que leur enfant en soit victime. Beaucoup redoutent surtout de ne pas parvenir à en décoder les signes. En fait, tout changement de comportement doit alerter : un adolescent qui refuse brusquement d’aller en classe ou parle de plus en plus souvent d’arrêter l’école, un enfant qui s’isole, dort mal, broie du noir ou refuse de manger… Mieux vaut réagir vite: avant que la victime ne perde vraiment confiance en elle et ne décroche sur le plan scolaire. «Même si ce n’est pas facile, il faut aller au devant de son enfant, préconise Chantal Stilhart, médecin de santé scolaire. Les harcelés se taisent par peur des représailles. En cas de doute, interrogez-le : “Est-ce que l’on se moque de toi ?”, “T’es-tu déjà fait agresser ?”, “S’en est-on déjà pris à ton sac ou à ton matériel ?”, sans en faire trop naturellement. Et voyez ses réactions». En cas de harcèlement, il est indispensable de prendre contact avec les responsables de l’établissement, afin de déterminer la conduite à tenir. En effet, selon 92% des parents d’élèves, des actions conjointes de parents d’élèves, d’enseignants, et de personnels d’encadrement permettraient de lutter efficacement contre le harcèlement à l’école**. «La prévention du harcèlement ne pourra être véritablement efficace qu’à condition d’être prise en charge par les différents acteurs de l’école»,